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cieuſe, d’auoir des ſentimens ſi tendres : & ce n’eſt qu’à la charmante melancolie, dont i’entens parler, qu’il apartient d’inſpirer vne paſſion ardente, durable, & diuertiſſante tout enſemble. Pour vne enioüée, on peut pluſtoſt dire qu’elle vous preſte ſon cœur, que de dire qu’elle vous le donne : car elle ne le donne iamais ſi abſolument, qu’elle ne puiſſe le retirer toutes les fois qu’elle trouue quelqu’vn qui la diuertit dauantage. Pour vne fiere capricieuſe, on peut dire qu’on ne peut auoir ſon cœur qu’en le luy arrachant, ſi ce n’eſt qu’elle vous le iette de dépit, pluſtoſt que de vous le donner de bonne grace : ainſi il n’eſt iamais ſi bien à vous, que vous ne puiſſiez le perdre, par le meſme caprice qui l’a mis entre vos mains. Mais pour vne melancolique, elle vous donne ſon cœur tout entier : &