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les vous la refuſent d’vne maniere ſi obligeante, qu’vne enioüée vous obligeroit beaucoup moins en vous l’accordant. Ie ſçay bien que comme celles que ie dis aiment ardemment, elles veulent eſtre ardemment aimées : & qu’ainſi elles ſe pleignent ſouuent : mais y a-t’il rien de ſi doux que de voir vne Perſonne qu’on aime, qui ſe pleint de n’eſtre point aſſez aimée ; & qui vous donne par là vne tres ſenſible marque d’amour ? vne enioüée ſe pleint quelqueſfois que vous ne la diuertiſſez pas aſſez : mais elle ne s’auiſe point de ſe pleindre de ce que voſtre paſſion n’eſt pas aſſez forte. Il n’en eſt pas ainſi de celles dont ie parle : car elles s’en pleignent ; elles en ſont affligées ; elles en ſont meſme malades de deſpit & de douleur ; elles veulent rompre aueque vous ſans le pouuoir faire : & quand vous les apaiſez,