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apres qu’elles ont donné toute leur affection. Pour moy, i’aduouë que i’en ay aimé d’enioüées, & de melancoliques : mais dans les ſentimens où ie ſuis, ie renonce à aimer l’enioüement pour toute ma vie. Ie l’aime fort en mes Amies : mais ie ne veux point de Maiſtreſſe de ce temperamment là : car il n’y a rien de plus cruel, que d’aimer vne Perſonne, qui ne fait reflection à rien, qui n’obſerue rien, & qui ne ſe ſouuient de rien. Il n’en eſt pas de meſme d’vne melancolique paſſionnée : car ſi vous luy dittes vne parole obligeante, elle s’en ſouuient cent fois ; elle ſe la redit en ſecret ; & elle vous donne meſme la ioye de vous faire voir qu’elle ne l’a pas oubliée, en vous diſant adroitement quelque choſe qui peut vous le faire connoiſtre. Si vous ioüez de la Lire en ſa preſence, & qu’il y ait quelques endroits paſſionnez, qui