Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/533

Cette page n’a pas encore été corrigée

ſenſibles plaiſirs que cette paſſion donne, ne ſont point des plaiſirs qui facent rire. En effet ſi apres mille & mille ſoupirs, & mille & mille plaintes, vne Belle dit vne parole fauorable, qui donne lieu d’eſperer, on ne voit pas qu’vn Amant qui l’eſcoute, & qui l’eſcoute auec vn plaiſir infiniment ſenſible, s’eſclate de rire comme s’il auoit entendu dire quelque raillerie ingenieuſe & ſurprenante : cependant ce n’eſt pas qu’il n’ait de la ioye : mais c’eſt que toutes les grandes & ſenſibles ioyes qui appartiennent veritablement à l’amour, ont de la langueur, pluſtoſt que de l’enioüement : & que la melancolie eſt ſi particuliere à cette paſſion, que ſes plaiſirs meſme ont quelqueſfois quelque choſe de melancolique. En effet il eſt des reſueries infiniment agreables, qui paroiſſent ſombres, & chagrines : il eſt meſme certains