Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/532

Cette page n’a pas encore été corrigée

ſenſible : & qui y met vne certaine diſpoſition ſi propre à aimer ardemment, que qui ne connoiſt l’amour d’vn cœur melancolique, ne connoiſt point l’amour. En effet ie ſoutiens qu’vn Amant qui connoiſt toute la delicateſſe de cette paſſion, trouuera plus de plaiſir à voir dans les yeux de la Perſonne qu’il aime, vn certain eſclat languiſſant & paſſionné, que tout l’enioüement des yeux d’vne Perſonne guaye ne luy en ſçauroit donner en toute ſa vie. Au reſte il ne faut pas qu’on s’imagine qu’on ne puiſſe auoir de plaiſir ſans rire eternellement, comme i’ay veû vne Femme qui le croyoit : & qui penſoit eſtre fort à pleindre, quand elle n’auoit pas ry depuis le matin iuſques au ſoir. Au contraire, ie ſoutiens que quoy qu’on die que les yeux & les ris ſont inſeparables de l’amour ; qu’il eſt pourtant vray que les