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ſorte que Statilie fut plus d’vne heure à tourner cette Lettre, pour y trouuer quelque ſens ſelon ſa penſée. Mais comme elle en eſtoit là, l’Eſclaue qui la luy auoit aportée auec beaucoup d’autres, vint la luy redemander : & luy dire qu’elle s’adreſſoit à vn homme qui auoit ſoin des Baſtimens & des Iardins de cette Dame qu’il luy nomma. Si bien qu’ayant aprofondy la choſe, il ſe trouua que tous les raiſonnemens que Statilie auoit faits ſur cette Lettre eſtoient mal fondez ; qu’elle auoit pris vne peine fort inutile ; & qu’elle n’auoit rien apris de ce qu’elle vouloit ſçauoir. Du moins, reprit Statilie, tiray-ie alors cét auantage de ma curioſité, que ie ſçeus qu’il n’y auoit rien à ſçauoir : car ſi i’euſſe baillé cette Lettre ſans la voir, i’euſſe creû toute ma vie que cette Perſonne auoit eſcrit vne Lettre de galanterie, & que