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ſent, elles ont des momens de dépit, de ſentir dans leur cœur cette obligeante foibleſſe, qui les force d’eſtre fauorables. De plus dés qu’on peut ſe vanter d’auoir obtenu quelque faueur d’vne beauté fiere, la fierté deuient pour vous la plus douce choſe du monde : car comme on ſe trompe touſiours auantageuſement quand on aime, on luy ſçait gré de toute la fierté qu’elle a pour les autres, quoy qu’elle ne l’ait que par temperamment, & on s’imagine qu’on luy en doit rendre grace : où au contraire quand on aime vne Perſonne qui eſt preſques touſiours eſgallement enioüée, cét enioüement vniuerſel qu’elle a pour tout ce qui l’enuironne vous fait dépit : & celuy qu’elle a meſme pour vous ne vous oblige que mediocrement. Ainſi ie conclus qu’il y a plus de gloire & plus de plaiſir à aimer vne fiere capricieuſe, qu’vne