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lancolique : mais il s’agit d’examiner de laquelle il eſt plus doux d’eſtre aimé. C’eſt pouquoy ie ſouſtiens hardiment, que de tous les diuers temperamens dont on peut auoir vne Maiſtreſſe, il n’y en a point de ſi propre à donner de grands & de ſenſibles plaiſirs, que celuy qui fait vne Belle fiere, & vn peu capricieuſe. Car n’eſt-il pas vray, que qui oſte la reſiſtance & la difficulté à l’Amour, le deſtruit ; ou luy oſte du moins toutes ces douceurs, & tous ces agreables tranſports qui rendent les Amans heureux ? Ie ſouſtiens meſme que pour l’eſtre entierement, il faut que la gloire ſe meſle auec l’amour pour la rendre ardente : & qu’vne eſpece d’ambition amoureuſe, redouble la violence de cette paſſion. En effet il y a vn plaiſir extréme apres auoir eſté l’Eſclaue de ſa Maiſtreſſe, d’en eſtre le Conquerant : mais pour pouuoir meriter ce