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prouuer fortement qu’elle le ſoit : mais pour plaiſante, adiouſta-t’elle, ie ſoutiens qu’il n’y a rien de plus diuertiſſant que de ſe rendre Maiſtreſſe des ſecrets de quelqu’vn ſans luy en auoir obligation, & ſans qu’on s’en aperçoiue : & ie ſuis meſme perſuadée qu’il y a touſiours quelque ſorte de plaiſir à ſçauoir ce que les autres ne ſçauent pas, & ce que l’on ne ſçait point que l’on ſçache, de quelque nature que ſoit la choſe. Pour moy, dit la Princeſſe des Leontins, ie ne ſuis pas de voſtre ſentiment : puis qu’il eſt vray qu’il y a mille ſortes de ſecrets qui ne me donneroient nulle curioſité. En mon particulier, adiouſta Aronce, ie n’ay iamais l’eſprit touché d’vne forte curioſité pour toutes les choſes où ie n’ay nul intereſt : car comme ie ne trouuerois pas bon qu’on vouluſt penetrer trop auant dans mon cœur,