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ſirs vous euſſent fait ſouffrir mille ſuplices ; & où l’eſperance meſme vous euſt donné mille inquietudes ; il vous ſeroit permis de parler de la force des paſſions : car quand l’on en a eſprouué vne, on peut s’imaginer aiſément quelle eſt la tirannie de toutes les autres. Il eſt vray, dit alors Aronce, que qui connoiſt toute la force de l’amour, peut aiſément comprendre celle de l’ambition, & de toutes les autres paſſions. Ie ſuis pourtant perſuadé, repliqua Herminius, qu’on ne peut iamais iuger equitablement des paſſions d’autruy, & que l’on ne deuroit iamais parler que des ſiennes : car encore qu’elles ſoient eſgallement paſſions par toute la Terre, & que l’amour ſoit amour en Grece, auſſi bien qu’en Italie ; il eſt pourtant vray qu’elle ſe fait ſentir differemment dans le cœur de tous les hommes : & que la diuerſité de