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faire aimer de leurs Peuples, puis que c’eſt bien ſouuent le chemin d’en eſtre meſpriſé : mais au contraire c’eſt eſtre prudent & ſage, que de ſe rendre redoutable à ceux dont on veut eſtre obeï. Car enfin vn Peuple qui n’obeït à ſon Prince que par amour, raiſonne & delibere ſur les commandemens qu’il luy fait : mais lors que celuy qui commande eſt accouſtumé de punir ſeuerement ceux qui n’obeïſſent pas, & qu’il s’eſt rendu ſi redoutable, que dés qu’il fait vn commandement, on a l’imagination remplie du ſuplice qui le ſuiuroit ſi on n’y obeïſſoit point ; le Peuple pour ſon propre intereſt obeït aueuglément, ſans s’amuſer à examiner les choſes. Ainſi ie conclus qu’il faut ſonger à ſe faire craindre, ſans penſer à ſe faire aimer. Auſſi bien ſuis-ie perſuadé que l’on n’aime iamais ce qui eſt au deſſus de ſoy : & que ce que