Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/366

Cette page n’a pas encore été corrigée

leur inſpira, de fouler aux pieds celuy d’vn Grand Roy. Mais enfin les Rouës du Chariot eſcraſant le Corps de ce Grand & malheureux Prince en furent toutes enſanglantées : ſans que la cruelle Tullie, qui vit vn ſi horrible ſpectacle, en euſt le cœur attendry, ny touché d’aucun ſentiment de compaſſion. Au contraire, on dit que lors que ſon Chariot eut paſſé par-deſſus le Corps de ſon Pere, elle tourna encore la teſte pour le regarder aueque ioye, bien loin d’en auoir de la douleur. Elle eut meſme l’audace de s’en retourner vers ſes Dieux Domeſtiques, ſoüillée du Sang de ſon Pere. Il eſt vray qu’à parler veritablement, Tullie ne croyoit guere ny à ſes Dieux Domeſtiques, ny à nuls Dieux Eſtrangers : & qu’ainſi il ne faut pas tant s’eſtonner, ſi eſtant naturellement fiere & meſchante, elle n’eſtoit