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tenoit la Lettre de ſon Riual pour ſa Maiſtreſſe : & il la regardoit comme s’il euſt voulu penetrer par l’actiuité de ſes regards, ce qui l’empeſchoit de la pouuoir lire : puis tout d’vn coup la rendant à Celere ; de grace, luy dit-il, reprenez cette Lettre, de peur qu’vne curioſité ialouſe ne me forçaſt de l’ouurir : & pour porter la fidelité auſſi loin qu’elle peut aller, ie veux eſtre fidelle à vn malheureux Riual, quelque enuie que i’aye de voir ce qu’il dit à Clelie. Et en effet Celere reprenant la Lettre d’Aderbal, la ſerra : & dit à ſon Amy, qu’il ſe ſerait oppoſé à ſa curioſité s’il l’auoit voulu ouurir : en ſuite dequoy Sicanus eſtant arriué, & leur ayant apris que la Princeſſe des Leontins ſe preparoit à aller le lendemain à Perouſe, pour taſcher de ſeruir Aronce, ils furent tous enſemble à ſon Apartement : où Celere raconta ce