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iamais la Lettre de mon Riual à Clelie, puis que vous ne la luy deuez rendre, que quand elle m’aura rendu heureux : mais à peine eut-il dit ces paroles, qu’vn nouueau trouble s’emparant de ſon eſprit, il s’affligea de l’abſence d’Aderbal, dans la penſée que peut-eſtre le hazard luy feroit-il trouuer Clelie. Neantmoins Celere luy dit tant de choſes, qu’il luy perſuada que l’abſence d’Aderbal luy eſtoit auantageuſe. Car enfin (luy dit-il, apres pluſieurs autres raiſons) ie ne ſçache rien de plus inſuportable que de voir eternellement vn Riual, que la vertu veut qu’on aime, & que l’amour veut qu’on haïſſe. Vous auez raiſon Celere, luy dit-il, mais ce n’eſt pas la premiere fois que la paſſion que i’ay dans l’ame a fait penſer des choſes déraiſonnables. Pendant que ce Prince parloit de cette ſorte, il