Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Riual heureux. Apres cela i’oſe eſperer que vous ne refuſerez pas de me rendre vn office que ie ne vous demande que lors que la Fortune m’aura mis en eſtat de meriter la compaſſion de mon propre Riual. Ie ne vous dis rien pour luy : car que vous pourroit dire vn homme qui trouue en la perſonne d’Aronce, tout ce qui peut cauſer vne grande amitié, & vne grande haine ? Adieu, pleignez moy, puis que vous le pouuez ſans offencer voſtre Amy : & croyez que vous ne pouuez iamais pleindre perſonne, qui merite plus d’eſtre pleint que ie le merite.

Quand Celere eut reçeû & leû cette Lettre, il en fut fort ſurpris : & il le fut d’autant plus que celle qui s’adreſſoit à Clelie eſtoit cachetée : neantmoins comme il ne l’obligeoit à la luy rendre, que lors qu’Aronce ſeroit heureux, il ne trouua pas de ſcrupule à accorder cette ſorte