Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/324

mer : les deux qui reſtoient luy eſtoient en horreur apres cét effroyable crime, mais ils luy eſtoient redoutables : & il craignoit pour luy le meſme traitement qu’il voyoit faire aux autres. Cette conſideration n’auroit pourtant pas eſté aſſez forte pour l’empeſcher d’eſclater, ſi vne raiſon d’honneur ne s’y fuſt meſlée : car enfin (diſoit-il à vn homme de qualité à qui il confioit tout le ſecret de ſon cœur) iray-ie flétrir moy meſme ma propre gloire, en accuſant ma propre Fille d’auoir empoiſonné ſon Mary, & conſenty à la mort de ſa Sœur ? Iray-ie accuſer mon Gendre, d’auoir fait mourir ſa Femme, & d’auoir donné ſon conſentement pour faire empoiſonner ſon Frere ? Quand i’auray accuſé ces deux Perſonnes, puis-ie prouuer leur crime, & ſuis-ie aſſuré de les en pouuoir punir ? car n’eſt-il pas vray-ſembla-