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le cruel Tarquin en fut eſmeu : & l’on a ſçeu depuis que lors que cette admirable Princeſſe demanda à boire, & qu’il connut que celuy qui luy en deuoit donner, luy alloit donner le Poiſon qu’il luy auoit baillé pour le luy faire prendre, il changea de couleur. Mais comme il ſentit que la veuë d’vne ſi grande beauté l’attendriſſoit, le cruel détourna fierement la teſte, pour ne la voir plus qu’elle n’euſt aualé le Poiſon : & en effet pour luy en donner le temps, il parla à vn des ſiens durant qu’elle le prenoit : apres quoy tout glorieux d’auoir ſurmonté ce foible & impuiſſant mouuement de tendreſſe qu’il auoit eu, il eut l’inhumanité de la regarder comme auparauant ; & il eut meſme la cruauté de railler diuerſes fois auec elle durant le reſte de ce funeſte repas. Mais afin que le Poiſon euſt loiſir de faire ſon