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conuerſation ſi pleine de grands ſentimens, qu’ils eurent de l’admiration l’vn pour l’autre, quoy qu’ils ſentiſſent dans leur cœur vne agitation qui les portoit ſecretement plus toſt à ſe haïr, qu’à s’aimer. Depuis cela ces deux Riuaux ſe virent encore à l’Apartement de la Princeſſe des Leontins, & à celuy d’Aurelie, mais ils ne ſe virent plus ſans teſmoins. Il eſt vray qu’ils ne furent pas long temps en puiſſance de ſe voir : car leur gueriſon entiere auançant tout d’vn coup, ils furent contraints de ſe ſeparer : parce qu’il falut qu’Aronce allaſt à Perouſe pour commencer de trauailler à la conſeruation de la vie du Roy ſon Pere : & que le Prince de Numidie, ne trouuant nul eſpoir raiſonnable à auoir, priſt la reſolution de s’en aller errer par le Monde, ſans chercher meſme Clelie, puis qu’il n’y pouuoit plus pretendre : & il la prit principale-