Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il eſtoit ſi affligé d’auoir apris qu’il ne pouuoit raiſonnablement pretendre plus rien à Clelie, qu’il n’eſtoit pas Maiſtre de ſon eſprit. Aronce de ſon coſté ne pouuoit s’empeſcher d’eſtre marry d’auoir vn Riual ſi honneſte homme : neantmoins comme Horace eſtoit alors le plus legitime obiet de ſa haine, & qu’il ne voyoit nulle apparence qui pûſt vray-ſemblablement luy faire craindre que le Prince de Numidie luy pûſt iamais nuire ; ſa vertu ſurmonta à la fin tous les mouuemens d’auerſion que ſon amour luy donnoit pour ce Prince : & ſe faiſant vn grand effort, il fut le viſiter le lendemain au matin. De ſorte que le Prince de Numidie eſtant touché de la generoſité de ſon Riual, & ne voulant pas luy ceder l’auantage d’eſtre plus genereux que luy, il le reçeut auec beaucoup de ciuilité : & il ſe fit entre eux vne