Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/267

leurs Nopces, ils penſerent mourir d’affliction : & qu’ils ſe dirent vn dernier adieu, qui fut la plus douloureuſe choſe du monde. Mais apres cela, la vertu eſtant la plus forte, ils ſe contraignirent : & ils agirent auec tant de ſageſſe, que peu de Gens s’aperçeurent de leur deſeſpoir. Pour Tullie, elle auoit des ſentimens bien tumultueux : mais comme elle ſe reſoud auſſi toſt à toutes choſes, elle penſa que peut-eſtre viendroit-elle à bout d’obliger Seruius Tullus à autant pour elle que pour ſa Sœur : & qu’en tout cas ſi elle ne pouuoit regner en la perſonne de ſon Mary, elle regneroit en celle de ſon Amant. Pour Tarquin, quoy qu’il euſt de l’amour pour Tullie, il ſe conſola de la voir poſſeder par ſon Frere : parce qu’il ſçauoit qu’il poſſedoit touſiours ſon cœur, & parce qu’il regardoit ſon Mariage auec la Princeſſe, comme