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qu’auec l’intention de taſcher de luy perſuader de ne ſonger plus à ſa ſœur) parla le premier, & commença de ſe pleindre de ce qu’il faiſoit luy meſme. Et bien Madame, luy dit-il, que dittes vous de la bizarrerie de la Fortune, qui diſpoſe de nous d’vne ſi cruelle maniere, & qui veut que pour voſtre propre intereſt, ie me priue moy meſme d’vne choſe qui m’eſt infiniment chere ? Cependant il m’y faut reſoudre : & ce malheur n’a point de remede. Si i’auois à parler à vne Perſonne qui euſt le cœur moins grand que vous ne l’auez, pouſuiuit-il, ie n’en vſerois pas ainſi : mais eſtant ce que vous eſtes, ie ne fais difficulté aucune de vous dire que ie ſuis perſuadé que toute la faueur du Roy ira à celuy qui eſpouſera la Princeſſe : & qu’il a autant d’auerſion pour vous, qu’il a d’ammitié pour elle. De ſorte que ſi ie la laiſſois eſpouſer