Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

faſſe ? Ie veux, dit-elle, que vous ſoumettiez voſtre eſprit à voſtre fortune : & ie veux, ſi ie l’oſe dire ſans rougir, que vous ſoyez auſſi malheureux que ie ſeray malheureuſe : que vous eſpouſiez Tullie auec autant d’auerſion, que i’en auray pour Tarquin : & que vous viuiez pourtant auſſi bien auec ma ſœur, que ie ſuis reſolûe de viure bien auec le Prince voſtre Frere. Mais ie veux le plus que vous croiyez que ſi ie pouuois vous bannir d’aupres de moy, ie le ferois à l’heure meſme : & que vous croiyez auſſi que c’eſt auiourd’huy la premiere & la derniere fois que vous me parlerez de voſtre amour. Ie vous demande pourtant par grace ſinguliere, de changer voſtre paſſion en amitié : & de m’aimer comme vne ſœur. Ha Madame, reprit-il, ie ne pourray iamais vous aimer que comme ma Maiſtreſſe : & vous m’allez reduire