Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heureux, & que ſelon toutes les apparences ie ne le ſeray de long temps. I’ay pourtant creû que connoiſſant voſtre generoſité, ie dois vous dire ingenûment que i’aimois Clelie dés que i’eſtois à Carthage ; que ie l’ay aimée à Capouë ; & qu’ayant eu le bonheur de rendre quelques ſeruices conſiderables à Clelius, il m’a donné Clelie, que i’eſtois preſt d’eſpouſer, lors qu’vn effroyable tremblement de Terre nous ſepara. Ainſi pouuant raiſonnablement la regarder comme eſtant à moy, puis que Clelius & Sulpicie me l’ont donnée, & qu’elle ne s’eſt pas oppoſée à leur volonté ; i’ay creû que ie deuois vous aprendre l’eſtat des choſes, & que ie manquerois à l’exacte generoſité ſi ie vous deſguiſois mes ſentimens. Quoy Aronce, luy dit alors Aderbal, Clelie vous a eſté promiſe par Clelius & par Sulpicie, & Clelie elle