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Seigneur, repliqua-t’il, mais ie l’aime comme vous l’aimez : iugez apres cela ſi ie puis eſtre voſtre Confident, & ſi ie puis vous donner vne preuue plus heroïque de mon amitié, que celle que ie vous donne en vous aprenant que i’ay de l’amour pour Clelie. Ha Aronce, s’eſcria le Prince de Numidie, cette preuue d’amitié eſt bien cruelle : car enfin puis que vous aimez Clelie, ie ne demande plus pourquoy ie n’en ay pû eſtre aimé. Apres cela Aderbal ſe teût, & fut quelque temps ſans parler : cependant Aronce ſentit alors quelque choſe qui le conſola, de pouuoir penſer que ſon Riual ne le regarderoit plus comme le Confident de ſon amour. De ſorte qu’en eſtant deuenu plus hardy ; ie ne ſçay Seigneur, luy dit-il, ſi vous deuez m’accuſer d’eſtre cauſe que Clelie n’a pas reconnu voſtre affection : mais ie ſçay bien que ie ne ſuis pas