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tune, auant que de pretendre d’eſtre aimé de moy & ie luy aprendrois qu’on ne peut faire vn plus grand outrage à vne Belle, que de pretendre d’en eſtre aimé, lors qu’on n’eſt pas heureux. Du moins ſçay-ie bien, pourſuiuit-il en regardant Tullie, que ſi i’eſtois amoureux de quelque Perſonne qui euſt le cœur Grand & Heroïque, & que ie ne puſſe poſſeder ſans détruire ma fortune, i’irois luy dire ingenûment que ie n’y voudrois plus ſonger, & pour l’amour d’elle, & pour l’amour de moy : car ie ſuis aſſuré que ſi elle l’auoit tel, elle m’en eſtimeroit dauantage, & me mettroit ſans doute dans ſon cœur au deſſus de ces Amans qui diſent qu’ils ſeroient plus heureux dans vne Cabane, auec vne Perſonne qu’ils aiment, qu’ils ne le ſeroient ſur le Throſne ſi elle n’y eſtoit pas. Mais pour moy qui ne ſuis pas de cette humeur, ie de-