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pas, & comment on peut y renoncer par vn ſentiment d’amour : car ie ſoutiens meſme qu’il n’appartien point à des malheureux de faire les Amans ; & qu’à parler raiſonnablement, l’amour doit eſtre vne ſuite de l’ambition heureuſe. En effet ſi l’amour n’eſt touſiours dans les plaiſirs, ſi les ieux, les ris, & les graces ne l’accompagnent, c’eſt vne pitoyable choſe : auſſi ie trouue qu’il ya bien de la folie à ceux qui ne peuuent tout à la fois ſatiſfaire leur amour & leur ambition, s’ils preferent la premiere à l’autre : car quelle ioye peut donner vn Amant malheureux du coſté de la Fortune ? & comment eſt-il poſſible que ſa Maiſtreſſe puiſſe diſcerner les ſoupirs qu’il donne aux malheurs de ſa condition, d’auec ceux qu’il donne aux ſouffrances de ſon amour ? Quelles Feſtes, quelles réiouïſſances, luy donnera vn miſerable qui faut