Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

trouue enfin que ce grand & merueilleux eſprit que les Dieux nous ont donné, n’eſt employé qu’à des bagatelles : & que celles qu’on eſtime le plus parmy nous, ſont celles qui ſe ſeruent le moins de leur eſprit ; qui le cachent le plus ſoigneuſement ; & qui ne ſongent à autre choſe qu’à aquerir vne ſeule vertu, qui ſelon moy n’eſt pas fort difficile à pratiquer. Cependant parce que le monde s’eſt mis dans la fantaiſie, que les Femmes ſont faibles, & qu’elles ont quelque peine à s’empeſcher d’aimer qui les aime, il faut qu’elles viuent auec tant de contrainte & tant de precaution, que ſelon mon ſentiment la ſeule vertu qu’on leur laiſſe en partage, ne leur eſt preſques point glorieuſe, puis qu’on eſt perſuadé qu’il faut tant de ſoins pour faire qu’vne femme la puiſſe auoir. En effet il faut aprendre à regler ſes regards ; il faut eſuiter la