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mais Aderbal l’interrompant obligeamment ; non non, luy dit-il, mon cher Aronce, il ne faut point me remercier de ce que ie fais : & ſi vous ſçauiez bien mes veritables ſentimens, vous deuriez peut-eſtre vous en pleindre : car enfin la viſite que ie vous rends n’eſt pas vne ſimple viſite d’amitié, puis que l’amour que i’ay pour Clelie la partage auec l’affection que i’ay pour vous : & que ie ne vous cherche pas moins pour vous faire le Confident de ma paſſion, que pour eſtre celui de la triſteſſe que ie vy ſur voſtre viſage quand vous me fiſtes la grace de me viſiter, auſſi bien que de celle que ie voy encore dans vos yeux. Seigneur, reprit froidement Aronce, ie ſuis ſi peu en eſtat d’eſtre le Confident de voſtre amour, que ſi vous m’en croyez, vous ne me choiſirez pas pour cela. Vous auez pourtant tout ce qu’il faut, pour en eſtre vn tres agrea-