Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/212

ieune de ces deux Princes, eſtoit beau, bien fait, d’vn eſprit doux, moderé, agreable, & complaiſant ; & il auoit enfin toutes les inclinations nobles. Mais quoy qu’il aimaſt la gloire, l’ambition n’eſtoit pas la paſſion dominante de ſon cœur : & il auoit bien plus de panchant à l’amour qu’à cette tumultueuſe paſſion. Mais pour Tarquin il ne luy reſſembloit en aucune choſe : car il eſt grand, ſans eſtre de belle taille ; il a la phiſionomie ſombre, & fiere ; les regards chagrins, & meſpriſans, quoy qu’il ait pourtant la mine baſſe. Mais il a le cœur le plus hardy du monde ; le plus grand eſprit de la terre, & la plus prodigieuſe ambition, dont on ait iamais entendu parler. Il a de plus vne imagination viue, & prompte, qui fait qu’il paroiſt touſiours quelque inquietude en ſes actions, & qu’on diroit qu’il n’eſt iamais ſans auoir