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& à confier le ſecret d’vn Riual à vn Riual. Ioint qu’il eſtoit encore perſuadé que cette confiance ſeroit inutile : & que quand Aderbal auroit ſçeu & la qualité, & l’amour d’Aronce, il n’auroit pas changé de ſentimens pour Clelie. De ſorte que le conſeil qu’il donnoit à Aronce eſtoit de deſguiſer ſes ſentimens auec ce Prince : car enfin, luy diſoit Celere, que vous importe qu’Aderbal aime Clelie, tant qu’il ne la verra pas, & qu’il ne ſçaura pas ſeulement où elle eſt ? ſouffrez donc qu’il vous raconte ſon amour pour elle : & pour l’eſloigner de vous, ſouffrez meſme que ie luy donne quelque faux aduis de Clelie, afin qu’il l’aille chercher, & que vous ſoyez deliuré de la peine que ſa preſence vous va donner. Quoy Celere, me dit-il, vous croyez que ie puiſſe ſouffrir qu’Aderbal me vienne conter qu’il aime Clelie, qu’il l’aimera