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pour Horace, & de l'affection qu'elle a pour Aronce. Ie croy, dis-ie, que la ſeule melancolie le cauſe : que mon Riual en eſt plus malheureux : & dans les ſentimens bizarres que ma paſſion me donne, ie ſens bien que ie ſerois affligé, ſi en retrouuant Clelie, ie ne la trouuois pas vn peu moins belle qu’elle ne l’eſtoit, le dernier iour que i’eus le plaiſir de la voir. Iugez apres cela, mon cher Celere, ſi vn homme à qui l’amour donne de ſi bizarres ſentimens, peut eſtre capable d’attendre le ſuccés du Siege d’Ardée ? Ha non non Celere, ie n’ay pas vne paſſion ſi tranquile : & ſi vous voulez continuer d’eſtre le Compagnon de ma fortune, il faut que vous vous prepariez à partir dés demain. Aronce prononça ces paroles d’vn ton ſi douloureux, que Celere ſans s’oppoſer dauantage à ce qu’il vouloit, l’aſſura qu’il ne le