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qu’il penſoit touſiours à elle, ſans pouuoir preſques penſer à autre choſe. Le Prince de Numidie de ſon coſté ne ſongeoit non plus que luy qu’à l’admirable Clelie : & il ſouhaitoit aueque paſſion de pouuoir reuoir Aronce, pour taſcher de se conſoler en l’entretenant de ſon amour. Pour la Princeſſe des Leontins, elle auoit tant de divers ſuiets de s’entretenir elle meſme, que ſi elle n’euſt pas eſté infiniment genereuse, elle n’euſt pû trouuer le temps de penſer aux malheurs d’Aronce comme elle faiſoit. Celere en ſon particulier, n’ayant alors nulle paſſion violente dans le cœur, & eſtant plus capable d’amitié que d’amour, ne ſongeoit qu’à ſoulager le malheureux Aronce : de ſorte que ſe ioignant à Sicanus, à Aurelie, à Nicius, & à Martia, qui n’auoient autre penſée, ils ne faiſoient tous enſemble que raiſonner