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viuant, il ne viura qu’autant de temps qu’il ne ſera pas en ma puiſſance. Aronce entendant parler Mezence de cette ſorte, fut tenté cent & cent fois, par vn excés de generoſité & de hardieſſe, de luy dire qu’il eſtoit le Fils de Porſenna : car il y auoit des inſtans où il s’imaginoit que Mezence luy deuant deux fois la vie, & luy deuant vne grande victoire, ne le perdroit pas. Mais à la fin ſa raiſon luy perſuadant qu’il ne deuoit pas hazarder vne choſe de cette importance, où il n’auoit pas ſeul intereſt ; il ſe retint, & diſſimula ſes ſentimens. Ioint que venant à penſer que le moins qui luy pouuoit arriuer, s’il ſe deſcouuroit auec precipitation, ſeroit d’eſtre arreſté ; l’intereſt de Clelie le porta encore plus que le ſien à ne dire pas la verité à Mezence : mais ſuiuant ſon premier deſſein, qui eſtoit de taſcher de faire que les