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ment qui faiſoit l’affection que i’auois pour elles, qu’il s’en falloit peu que ie ne creuſſe que quand elles n’en auroient point eu, ie n’aurois pas laiſſé de les aimer : tant il eſt vray que i’ay touſiours bien ſçeu diſtinguer ce que i’ay aimé par choix, de ce que i’ay aimé par inclination. On croit quelquesfois qu’on ne choiſit point, reprit Sicanus, qu’on ne laiſſe pas de choiſir : car ceux qui ont l’imagination viue, & l’eſprit penetrant, ſe déterminent ſi promptement à ce qu’ils veulent eſtimer, qu’eux meſmes ne s’aperçoiuent pas des propres operations de leur eſprit : ainſi ils donnent à leur inclination, ce qui ne luy apartient pas : ioint auſſi qu’vne des choses qui authoriſe le plus ceux qui donnent tout à l’inclination, eſt qu’il ſe trouue tant de Gens qui choiſiſſent mal, & qui aiment ce qui n’eſt point aimable, que