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pas vous donner ma Fille ſans ſon conſentement. Il faut donc que vous me permettiez de tuer Horace, repliqua Aronce auec precipitation, car ie vous declare que ie ne puis partir ſans cela, ſi vous ne me la donnez pas : c’eſt pourquoy ſi vous ne voulez point que ie trempe mes mains dans le ſang d’vn homme qui a eſté mon Amy deuant qu’il fuſt mon Riual, & que ie renonce à tous les ſentimens de la Nature, & de l’Honneur, accordez moy Clelie ie vous en coniure : car ſi vous ne le faites, ie ſeray criminel enuers toute la Terre ; ie ſeray indigne de la naiſſance dót ie ſuis ; & ie le ſeray auſſi des bontez que vous auez eües pour moy, & de celles que vous auez encore. Horace aura raiſon de me haïr, & Clelie meſme aura peut-eſtre ſuiet de me meſpriſer : ayez donc pitié d’vn malheureux Amant, qui ſent que ſa vertu l’abandonnera, ſi on ne