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ment vous accuſer de toutes mes infortunes : puis que ſi vous le vouliez ie ſerois heureux, & que cependant vous ne le voulez pas : mais pour moy, que fais-ie qui puiſſe contribuer à voſtre malheur ? vous eſtes cauſe, luy dit-elle en rougiſſant, que i’ay vne repugnance horrible à obeïr à mon Pere : vous eſtes cauſe qu’Horace qui eſt vn fort honneſte homme, m’eſt inſuportable, dés que ie le regarde comme deuant eſtre mon Mary : & vous eſtes cauſe enfin que ſelon toutes les apparences, ie ſeray toute ma vie tres malheureuſe. Eh de grace Madame, luy dit alors Aronce, permettez moy de donner vn ſens ſi auantageux à vos paroles, qu’elles puiſſent ſinon me rendre heureux, du moins me rendre moins miſerable. I’y conſens Aronce, repliqua-t’elle, mais en meſme temps ie vous coniure, de ne me dire rien