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ie pourrois ſi ie le voulois, repris Clelius, vous dire en deux mots qu’il ſuffit qu’Aronce ne ſçache pas ſa naiſſance, pour trouuer fort mauuais qu’il ait oſé tourner les yeux vers ma Fille : mais comme vous me diriez ſans doute, qu’il a les ſentimens ſi nobles, qu’il n’y a pas lieu de douter de ſa qualité ; i’ay vne autre raiſon à vous dire, qui ne reçoit point de replique : car enfin Horace ; eſt Romain & ſelon toutes les apparences Aronce ne l’eſt pas. Ha Clelius (s’eſcria Arricidie en riant) cette raiſon eſt bien plus foible que celle que vous n’alleguez pas : & pour moy ie vous aduouë, que ie ne puis ſouffrir la fantaiſie qu’ont tous les Romains, de ſe mettre ſi hardiment au deſſus de tous les autres Peuples du Monde. Car apres tout, la vertu eſt de tout Païs : & de quelque lieu de la Terre que ſoit Aronce, ie l’eſtime