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puis qu’il eſt vray que ie n’ay iamais eu deſſein de leur donner de l’amour. Et pour la difference que vous dittes que ie mets entre Aronce & Horace, ie ne ſuis pas encore fort criminelle : car enfin i’ay veû Aronce dés que i’ay veû le iour ; vous m’auez commandé dés mon Enfance de l’aimer comme vn Frere, & de le nommer ainſi : vous l’auez touſiours aimé comme ſi vous eſtiez ſon Pere : ie l’ay veû eſtimé de tous ceux qui l’ont connu, deuant que ie connuſſe Horace : ainſi il n’eſt pas fort eſtrange, ſi i’ay un peu plus de diſpoſition à auoir de l’amitié pour l’vn que pour l’autre, quoy que i’ay pourtant veſcu auec vne eſgale ciuilité pour tous les deux. Si vous auiez touſiours veſcu ainſi, reprit Clelius, pourquoy ſe ſeroient-ils querellez ; pourquoy ſe ſeroient-ils batus ; pourquoy Horace ſeroit-il bleſſé ; & pourquoy auroit-il dit à