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ſe ſont battus, & qu’il y en a vn qui eſt peut-eſtre en danger de mourir. Quoy (reprit bruſquement Clelie, qui ne pût retenir ce premier mouuement) Aronce et Horace ſe ſont batus, & il y en a vn dont la vie eſt en danger ? Ouy ma Fille, luy dit il, et vous eſtes ſans doute cauſe de ce malheur. Clelie euſt alors bien voulu demander lequel des deux eſtoit bleſſé : mais voyant que ſon Pere auoit l’eſprit fort irrité, & qu’il la regardoit attentiuement, elle ne l’oſa faire. Clelius ne laiſſa pourtant pas de connoiſtre qu’elle s’intereſſoit en la conſeruation de quelqu’vn de ces deux ennemis : car elle rougit d’vne maniere qui luy fit voir qu’elle n’eſtoit pas tout à fait inſenſible ou pour Aronce, ou pour Horace. Cependant comme il ne pouuoit diſcerner pour lequel des deux elle auoit le cœur attendry, parce qu’il