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ſuis point ingrate. Mais Madame, reprit Aronce, que faut-il poſitiuement faire pour me conſeruer dans ce glorieux eſtat où vous voulez bien que ie croye que ie ſuis ? il faut viure aueque moy cóme vous y viuez depuis quelques iours, reprit-elle : mais Madame, repliqua-t’il, vous voulez vne choſe impoſſible : car le moyen de viure longtéps ſans vous entretenir de ce que ie n’oſerois vous dire preſentement, qu’en vous le faiſant entendre par mes regards, & par mes ſoûpirs ? Ie ſuis pourtant reſolu, pourſuiuit-il, de taſcher de vous obeïr : afin de vous obliger, ſi ie puis, à ceſſer de me faire vn ſi iniuſte commandement. Pour vous teſmoigner Aronce, luy dit-elle, que i’ay vne tendre amitié pour vous, & que ie veux faire tout ce que ie puis pour vous la conſeruer ; ie veux bien vous ouurir mon cœur, & me confier à voſtre