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pour moy : vous n’ignorez pas la paſſion que i’ay pour vous : vous ſçauez auſſi que Clelius m’honnore de ſon amitié : il n’y a nulle diſproportion de qualité entre la voſtre & la mienne : & ſi la Fortune change à Rome, i’auray beaucoup plus de Bien qu’il n’en faut pour rendre vn Romain heureux. Mais apres tout Madame, adiouſta-t’il, ie ſuis perſuadé que bien loin de pouuoir paſſer Tendre, ie n’y arriueray iamais : eh veüillent les Dieux que quelque Inconnu, ne ſoit pas deſia trop prés des Terres inconnuës, pour pouuoir l’empeſcher d’y aller : & que voſtre cœur ne ſoit pas auſſi déja trop engagé à aimer celuy dont… vous auez bien fait Horace (interrompit Clelie en rougiſſant de deſpit) de me faire ſouuenir que mon Pere vous aime : car ſi ce n’eſtoit cette conſideration, ie vous traiterois d’vne telle ſorte, qu’il