Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Clelie ayant acheué de lire cette Lettre, ſe trouua fort embaraſſée à reſoudre ce qu’elle deuoit faire, & ce qu’elle deuoit penſer. Car elle trouuoit quelque choſe de ſi bizarre à ce cas fortuit, qui luy auoit fait receuoir deux declarations d’amour en vn meſme moment, qu’elle ne ſçauoit qu’en imaginer. Ce qui la mettoit le plus en peine, eſtoit qu’Aronce & Horace eſtoient Amis ; & qu’ils auoient tous deux lieu de dire qu’ils s’auoient de l’obligation. De ſorte qu’apres auoir bien reſvé là deſſus, il luy vint dans la penſée que ce qui luy donnoit tant d’inquietude, n’eſtoit peut-eſtre qu’vne ſimple galanterie, concertée entre eux pour la mettre en peine : car dans noſtre Cabale, nous nous eſtions fait cent innocentes malices les vns aux autres, en diuerſes occaſions. Si bien que Clelie trouuant quelque douceur à