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ie ſuis aſſuré que cela n’eſt pas. Helas, reprit-il, comment voulez vous que ie ne veüille pas que Clelie ſorte de ma memoire, puis que ie dois ſouhaiter qu’elle ſorte de mon cœur ? mais enfin Celere, me dit-il encore, n’en parlons plus : aidez moy à me guerir ſi vous pouuez : & pour détacher mon eſprit d’vn ſi aimable obiet, parlez moy de toute autre choſe : & entretenons nous auiour’huy comme ſi nous ne nous connoiſſions point. Puis que vous le voulez, luy dis-ie, il faut donc que ie vous parle de la beauté de cette Prairie, qui eſt tout à fait propre à reſver : il eſt vray, dit-il, qu’il ne fut iamais vn plus beau lieu, ny plus commode à s’entretenir ſoy meſme : mais puis que ie ne veux pas penſer à Clelie, il ne faut pas que ie m’entretienne, car ie ne m’entretiendrois que d’elle. Apres cela Madame, Aronce ſe teut,