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pour le diuertir, luy qui eſt le plus diuertiſſant de tous les hommes : mais le chagrin de cét Amant eſtoit trop fort pour pouuoir eſtre ſurmonté : & ie puis aſſurer ſans menſonge, que depuis qu’il ſçeut le départ de Clelie, il ne ſe paſſa pas vn moment que ſa douleur n’augmentaſt. Ce qui la rendoit plus forte, eſtoit qu’il connoiſſoit bien que la raiſon vouloit qu’il combatiſt ſa paſſion, & qu’il demeuraſt aupres du Prince de Carthage ; où il trouuoit preſques tout ce qu’il euſt pû ſouhaiter en l’eſtat où eſtoit alors ſa fortune : car ce Prince l’eſtimoit fort, il pouuoit eſperer vn eſtabliſſement tres conſiderable aupres de luy ; Amilcar l’aimoit cherement ; cette Cour eſtoit tres galante, & tres agreable : & veû la diſpoſition des choſes, le Prince de Carthage deuoit bientoſt faire eſclater vn grand deſſein dont l’heureux ſuc-