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me haïſt point : car puis que Clelius la refuſe à Maharbal, qui eſt d’vne naiſſance tres haute, qui eſt tres riche, & qui a la premiere authorité dans vne des premieres Villes du Monde, il la refuſeroit bien à vn malheureux, qu’il regarderoit touſiours comme vn ingrat : & qui ſeroit peut-eſtre meſme regardé de Clelie comme vn homme qui chercheroit autant à s’enrichir en l’eſpouſant, qu’à ſe rendre heureux par la ſeule poſſeſſion de ſa perſonne. Ainſi mon cher Celere, ie n’ay rien à eſperer : car ſi Clelius demeure dans les ſentimens où il m’a dit qu’il eſt, il ne donnera iamais ſa Fille qu’à vn Romain : & s’il en change, il la donnera apparemment à Maharbal. Mais à vous dire la verité ie ne crains pas trop cette derniere diſgrace : ie n’en ſuis pourtant pas moins à pleindre, adiouſta-t’il, car eſtant aſſuré que ie ne ſuis point