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la tendreſſe, & qui en médiſent, ſont ordinairement inſolens, inciuils, pleins de vanité, aiſez à faſcher, difficiles à apaiſer, indiſcrets quand on les fauoriſe, & inſuportables quand on les mal-traite. Ils croyent meſme que la plus grande marque d’amour qu’on puiſſe donner, ſoit ſeulement de ſouhaiter d’eſtre tout à fait heureux, car ſans cela, ils ne connoiſſent ny faueurs, ny graces : ils content pour rien de fauorables regards ; de douces paroles, & toutes ces petits choſes qui donnent de ſi grands & de ſi ſenſibles plaiſirs, à ceux qui ont l’ame tendre. Ce ſont, dis-ie, de ces Amans qui ne liſent qu’vne fois les Lettres de leur Maiſtreſſe, de qui le cœur n’a nulle agitation quand ils la rencontrent ; qui ne ſçauent ny reſver, ny ſoupirer agreablement ; qui ne connoiſſent