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bien que cette amour luy donneroit beaucoup de peine, qu’il fut tres affligé dés qu’il ſentit qu’il en auoit : car encore qu’il fuſt fort eſtimé de Clelie, & que Sulpicie & Clelius l’aimaſſent tendrement, il ne iugeoit pas qu’il pûſt iamais eſtre heureux. En effet il ſçauoit quelle eſtoit la paſſion de Clelius pour Rome : & il n’ignoroit pas qu’il ne ſçauoit point quelle eſtoit ſa naiſſance, & qu’il ſembleroit auoir de la preſomption, s’il tournoit les yeux vers Clelie. Mais le mal eſtoit que ſon cœur n’eſtoit plus en ſa puiſſance : il prit pourtant la reſolution de n’oublier rien pour taſcher de le deſgager, quoy qu’il la priſt ſans eſperance. D’autre part Horace auoit eſté ſi puiſſamment touché de la beauté de Clelie, que ie ſuis aſſuré qu’il l’aima dés qu’il la vit : il ne s’imagina pourtant pas d’abord, qu’il en fuſt amoureux :