Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tuelle, mais qu’elle a encore tous les charmes de la beauté. Car elle a l’air galant & modeſte ; elle a la mine haute & douce : & il ne luy manque rien de tout ce qui peut imprimer du reſpect, & donner de l’amour à tous ceux qui la voyent. Mais ce qui la rend encore plus aimable, c’eſt qu’elle a autant d’eſprit que de beauté. Sa vertu, quoy qu’extréme, n’a pourtant rien d’altier, ny de rude : au contraire il y a quelque choſe de ſi aiſé, & de ſi galant dans ſa conuerſation, qu’on eſt charmé d’eſtre aupres d’elle : car encore que Clelie ait l’ame ferme, & hardie, & qu’elle l’ait beaucoup au deſſus de ſon Sexe, elle a pourtant vne douceur ſi engageante, qu’on ne peut luy reſiſter : & cette grandeur d’ame qui luy fait meſpriſer les plus grands perils, quand elle s’en voit menacée, n’empeſche pas qu’elle n’ait meſme vne certaine mo-