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de le venir voir. Ce furent pourtant des loüanges ſans affectation : & qui ne tenant rien de la flatterie, n’embaraſſoient pas ceux qui les receuoient. Mais ce qui leur donna encore plus d’inclination l’vn pour l’autre, fut qu’ils connurent malgré la contrainte qu’ils ſe faiſoient, qu’ils auoient tous deux quelque grand ſuiet d’inquietude : & ils penſerent meſme que leurs chagrins pouuoient venir d’vne meſme cauſe. De ſorte que trouuant en eux diuerſes choſes propres à faire qu’ils euſſent vne grande diſpoſition à lier amitié enſemble ; on peut dire que ſi la Princeſſe des Leontins ſe ſepara d’Aronce auec beaucoup d’eſtime pour luy, il demeura auec beaucoup d’admiration pour elle. Il eſt vray que comme il auoit alors des choſes dans l’eſprit qui l’occupoient, & qui l’affligeoient eſtrangement, il ne ſongea plus