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comblé d’amertume et d’oppressé !… Oui, cette fin de règne est sinistre. Joyeuse est mort, Saint-Mégrin, Quéius et Maugiron sont morts ; toutes les créatures des Valois ont disparu ; le pouvoir est tiraillé entre les ligueurs et les huguenots ; un prince jeune et vivace, que tout désigne, prépare déjà l’ère nouvelle près de s’ouvrir, et ce qui fut debout va s’effondrer lamentablement. Henri III succombe sous les coups d’un assassin, et les Nymphes de Fontainebleau ne dresseront pas son tombeau.


Mais Desportes a plus de ressort que cela. Il survivra à son maître et à tous ses amis, et, la poussière de ce grand écroulement une fois tombée, il reparaîtra plus fort qu’avant.


À cette époque de troubles où le nouveau roi de France était obligé de conquérir son héritage cité par cité et province par province, il était aisé de se tailler de petits royaumes dans le grand. Au mois de juillet 1591 l’amiral de Villars a mis la main sur Rouen. Il s’y déclare seul maître, s’y fortifie, y cantonne ses troupes, et soutient un siège, et repousse plusieurs as-